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Quand le « rien » devient un tout…

Arriver près des parcs quand le soleil essaie de percer l’épaisse brume matinale et voir se dessiner dans ce magnifique tableau les silhouettes de nos compagnons équins. Rester là silencieux, à les observer…immobiles, au repos…

Avancer de quelques pas : les oreilles s’agitent, les encolures se lèvent, l’âne braie, un des chevaux fait un appel. Je lance un « bonjour », rien de plus, les encolures se rebaissent, le calme revient….je passe mon chemin laissant aux rayons de soleil le rôle de réveiller la nature.

Plus tard, je reviendrai après avoir fait ainsi le tour de tous les parcs.

Je travaille chaque jour dans l’optique d’avoir une relation positive avec mes chevaux, qu’ils aient envie de partager des moments avec nous, de se « prendre aux jeux » farfelus des humains. Mais cela n’est pas toujours chose facile. Bien sûr, nous essayons de leur apporter une vie la plus proche de la nature possible (vie de groupe, dehors, alimentation herbe/foin, espace…) et travaillons via le renforcement positif pour développer leur curiosité et l’attrait pour nos « exercices » ; mais cela ne fait pas tout…

Je pense sincèrement que la plupart de nos chevaux sont heureux de nous voir : ils viennent à notre rencontre, nous suivent sans avoir besoin de longe ou de licol (même si nous n’avons pas de nourriture)….voire même se « bloquent » au moment de la rentrée dans la parc, restent avec nous quand nous les lâchons et repartent tranquillement vers leurs congénères quand nous leur disons qu’ils peuvent « y aller ». Ils trouvent donc un intérêt (alimentaire, social) à être en notre présence !!

Quand de nouvelles personnes arrivent chez nous, habituées aux chevaux de centre équestre, passée la surprise de l’arrivée près de nous des chevaux dès notre entrée dans le parc, vient la question du « comment vous faites », « quel est le secret ? ».

Et alors viennent les réponses sur le renforcement positif, l’observation, l’adaptation, les réponses à leurs besoins… mais plus j’y réfléchis plus la réelle réponse est « RIEN »

Le plus grand défi de l’humain est sans doute d’accepter de ne rien faire, de ne rien demander, d’arriver là sans rien espérer, souhaiter, vouloir.

C’est de se dire, je vais aller voir les chevaux, sans objectif…être dans l’instant, dans l’échange, laisser faire les choses. Peut être y aura t’il eu interaction ou peut être pas…laisser le choix à l’animal.


Dans la vision traditionnelle du cheval, nous avons tendance à aller vers lui toujours avec un objectif : dès sa naissance il faut arriver à le toucher le plus vite possible, lui mettre le licol, qu’il sache suivre, donner les pieds, accepter les soins… accepter le cavaliers, accepter nos demandes plus ou moins précises….faire ce que l’humain veut quand l’humain le veut… et l’humain c’est « toujours plus ». Le cheval lui prend le temps de brouter 15h par jour, de se déplacer au pas, de se poser, de se re-poser. Les allures plus hautes sont destinées essentiellement à la fuite, voire au jeux entre poulains ou jeunes… Le cheval dans la nature a très peu besoin de galoper, sauter ou faire des prouesses physiques, cela n’est souvent qu’un moyen de répondre à un besoin primaire qu’est la fuite, la survie.


Aujourd’hui quand l’Humain va à la rencontre de l’Equin, il y a pratiquement toujours une demande émanant de l’Homme : faire du travail à pied, faire du travail monté, faire un soin… Ainsi nous sommes toujours dans le faire…oubliant qu’une relation devrait être basé sur l’Etre…



Donc comment revenir à l’être avec le cheval ?


En arrêtant de faire sans cesse…


Quand un poulain nait au sein de notre élevage, bien sûr nous observons de loin si tout semble aller bien, mais nous n’essayons pas d’aller le toucher, le caresser. Nous laissons la relation mère-poulain se créer…et nous nous réjouissons de pouvoir assister à ce spectacle. Nous nous occupons de la mère comme à l’accoutumée, mais jamais nous n’allons vers le poulain. Si nous sommes dans son chemin, ou que nous avons l’impression d’être trop près, nous nous poussons pour lui laisser son espace. Nous le laissons « être ».

Et nous attendons que la rencontre vienne de lui : que petit à petit la curiosité le pousse à venir nous sentir, qu’il étende son encolure, sa tête, le bout de son nez, vers cette chose étrange qui marche sur deux pieds et que maman va voir avec envie. Et là encore surtout nous ne le touchons pas : nous attendons encore et encore que cette rencontre se répète, que le petit nez vienne nous voir sans que la tête et l’encolure soient tendues à leur maximum…

Le poulain deviens acteur, c’est lui qui entre dans l’action, dans le faire, à son rythme…et cela peut être bien long du point de vue de l’humain toujours pressé. Humain culpabilisé par des normes imposées par une société basée sur le tout, le plus rapidement possible.

Puis vient le temps des première gratouilles…du temps passé à juste le regarder, le gratter dans des endroits stratégiques (réponse à un besoin de l’animal) sans rien lui demander, à part d’être lui tout simplement…


Puis tout au long de leur vie, les chevaux auront droit, plusieurs fois par semaine, à ces temps où nous allons juste dans le parc, nous poster en « homme passif ». Certains viendront, d’autres non. Certains resteront à côté de nous sans bouger, d’autre viendront nous sentir, nous solliciter. Ce sont ces temps où tous ont le choix, il n’y a pas de contrainte, pas de demande. Nous les accueillons tels qu’ils sont, là où ils en sont à cet instant précis, sans nous mettre de pression, de culpabilité. Sans leur transmettre tout ce bouquet de tensions qui nous traversent au quotidien.

Juste être là dans l’instant, répondant à leurs demandes, juste de l’échange et du partage…

Juste un RIEN qui fait… toute la différence.

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